Café-philo du mois de décembre 2007



Quelques infos pour vous préparer

Quelle est la nature même de la Politique ? Comment peut-on intégrer l'action politique dans sa vie ? Est-ce un métier ou une vocation qui se découvre par l'action et des choix librement décidés ? Pour réfléchir et répondre à ces interrogations, le 15 décembre 2007, nous vous proposons de rencontrer Pierre Lequiller, membre de la Commission des Affaires étrangères et Président de la délégation nationale pour l'Union Européenne à l'Assemblée nationale; il est également Vice-président du Conseil Général des Yvelines. C'est en 1977 qu'il s'engage en politique, maire-adjoint de Louveciennes, conseiller général des Yvelines en 1979 et il est élu maire de Louveciennes en 1985 et député en 1988. Notre première interrogation portera sur ses motivations ; n'a-t-il pas fait le choix de l'action politique en abandonnant une brillante carrière civile ? La seconde concernera l'évolution d'un autre choix politique significatif ; n'est-il pas depuis deux législatures, devenu le "spécialiste" de la construction européenne au sein de l'Assemblée Nationale…. Bien entendu, notre questionnement sur la chose Politique, cherchera d'abord, à comprendre un homme qui a, librement, engagé son existence et l'implication de cet exemple dans le devenir de notre propre réflexion philosophique.

Café philo du mois d'octobre 2007




Quelques idées pour une réflexion sur le théâtre ?

Théâtre et pouvoir :


Dès son apparition en Grèce, le théâtre a suscité l'intérêt du pouvoir. Intégré dans le fonctionnement même de la cité athénienne, il fut d'abord un instrument de la démocratie, puis, quelques siècles plus tard à Rome, un moyen de canaliser les ardeurs du peuple et de le distraire de la réalité. Revenu au cœur de la vie urbaine, à l'époque médiévale, il eut partie liée avec l'imaginaire collectif de la chrétienté avant d'éveiller l'intérêt de la monarchie, particulièrement en France, puis d'être mis sous surveillance à cause même du rôle qu'il pouvait jouer dans le débat politique et social. À partir de la seconde moitié du XIXe siècle, cependant, le théâtre se libérait de ses liaisons avec l'État, au fur et à mesure qu'il devenait un art de divertissement, en consonance avec les idées dominantes. La puissance publique s'est repliée alors sur son pré carré, en réservant ses soins au patrimoine dont elle avait la charge et à l'enseignement qu'elle devait contrôler : il n'était plus question de mécénat d'État en dehors de la Comédie-Française et de l'Opéra, et encore moins d'une intervention publique dans l'organisation de la vie artistique et dans la diffusion des œuvres. Mais avec le triomphe de la société industrielle surgit de nouveau, à partir des années 1890, l'idée qu'il ne suffisait pas que l'État prenne en charge l'instruction du peuple, mais qu'il y avait lieu d'assurer à chacun un accès égalitaire aux productions de l'art et de la pensée. Il faudra une cinquantaine d'années pour que cette revendication débouche en France sur l'élaboration d'une politique culturelle proprement dite, dont le théâtre sera pendant longtemps le fer de lance.
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Théâtre et création :



Persuadé que le théâtre « est aussi indispensable à l'homme que le pain », l'Américain d'origine allemande Peter Schumann (né en 1934), sculpteur, musicien et chorégraphe, crée en 1962 une troupe, dans un quartier de Manhattan, pour présenter des spectacles hors des théâtres, dans la rue et autres espaces publics. À partir de matériaux simples - papiers, terre glaise, toiles -, il réalise des masques, des figurines, et des marionnettes à fil ou à gaine, petites ou géantes (certaines feront de 3 à 4 m de hauteur), destinées à mettre en scène, sous la forme de paraboles et de mystères, une vision contestataire de l'Amérique et de la société contemporaines. Ses thèmes de prédilection seront la guerre du Vietnam, la pauvreté, le désarroi écologique. Avec ses collaborateurs, comédiens, marionnettistes et plasticiens, Peter Schumann s'inspire aussi de la Bible, des légendes, des spectacles traditionnels (les cantastorie et l'Opera dei pupi siciliens) ou de fêtes religieuses (il présentera, à Noël et à Paques, des spectacles liés à la Nativité et à la Passion), pour créer une imagerie métaphorique du monde moderne. Il en résulte un théâtre simple, dégageant une grande puissance artistique, dans son expression narrative, ses formes et couleurs, ses mouvements, sa musique et sa capacité d'insertion dans l'espace urbain, comme plus tard dans des lieux clos. Le Bread and Puppet, va ainsi imposer dans les années 1960-1970, une esthétique théâtrale inédite, capable d'associer l'épique au ludique, totalement adaptée, dans le contexte de l'époque, à sa volonté de participer à « un éveil des consciences ». Il fait partie de ces troupes qui, avec Grotowsky ou Barba, la Mama de New York, le Living Theater ou le Teatro Campesino, ont élaboré ce qu'on pourrait caractériser comme un « messianisme théâtral », en occupant à nouveau le cœur de la cité et en remettant en cause le traditionnel rapport acteur-spectateur.
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Café philo du mois de septembre 2007

Quelques idées sur le divertissement ?

Molière l'a constaté : rien n'est plus difficile que de faire « rire les honnêtes gens ». Une longue tradition comique et poétique a donné ses lettres de noblesse théâtrale au spectacle de divertissement : la farce et les tréteaux à la fin du Moyen Âge, la comédie à l'italienne au XVIIe siècle, la pantomime et le mélodrame au XIXe. Avant d'être spectacle, le divertissement est fête. Il entretient certains liens avec différents facteurs de la vie collective, mais il n'est pas fonction des événements. Un divertissement est une parenthèse, souvent à l'intérieur d'un spectacle, ou bien à l'intérieur d'un ensemble de manifestations sociales. Il évoque la participation d'une assistance où tous sont à la fois acteurs et spectateurs. Les masques et déguisements y ont leur part dans un décor qui, s'il évoque le théâtre, évoque aussi l'ambiguïté et la multiplicité des significations. Le spectacle illustre la fête, met en scène la fête pour mieux la saisir. Le divertissement transforme un espace, multiplie le temps imaginaire, métamorphose les lieux et les êtres. C'est une expression de joie, un surenchérissement de l'existence. La comédie corrige les mœurs, a-t-on dit. Le divertissement fait intervenir une féerie qui transforme les rapports des personnages entre eux et des personnages avec l'ordre du monde. Le spectacle de divertissement se présente tour à tour comme un excès de l'art et un retour à la vie, un éclatement des lieux traditionnels de l'illusion. Il est multiplication des moyens d'exaltation du corps et de l'esprit : musique, parole, chant, danse, masques, costumes ; il est poésie, il est aussi magie. Les autorités laïques ou religieuses ont édicté toutes sortes de lois qui ont institutionnalisé les fêtes : religieuses, civiques, révolutionnaires, républicaines, familiales. En un sens, le théâtre a pris naissance dans le spectacle qui lui-même était fête. Mais cette fête, cet état d'enthousiasme était une lutte contre une crainte, une peur, ou tout au moins représentait-il un espoir en une vie plus heureuse.© Encyclopædia Universalis 2004, tous droits réservés